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Variation terminologique et innovations lexicales dans le domaine de la biodiversité et du changement climatique

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Date
Fri, 11/25/2022
Call for papers ending on

Napoli NA
Italy

Journée d’études

Groupe de Recherche Do.Ri.F. – Socioterminologie et textualité

Variation terminologique et innovations lexicales dans le domaine de la biodiversité et du changement climatique
25 novembre 2022
Université de Naples L’Orientale
Université de Naples Parthenope

Les conséquences du dérèglement climatique, dû au développement des activités humaines depuis le
début de l’ère industrielle, sont l’objet d’une attention croissante à l’échelle mondiale, de la part aussi
bien des scientifiques que de la société civile, en raison notamment des nombreuses inquiétudes
qu’elles suscitent pour la préservation de la biodiversité. Les communautés scientifiques, politiques,
institutionnelles et privées, jusqu’au citoyen, se saisissent du problème et proposent des solutions pour
minimiser ou inverser le processus. Cette prise de conscience se manifeste, entre autres, par
l’émergence et la diffusion de nouvelles unités lexicales et terminologiques dans une grande variété
de discours (institutionnel, juridique, politique, médiatique, de vulgarisation, etc.). À cet égard,
biodiversité est emblématique : forgé en anglais à partir de biological diversity (Rakotonoelina 2020),
biodiversity se développe dans le contexte scientifique puis, à partir de la Conférence des Nations
Unies de Rio de 1992, le terme biodiversité (et ses traductions dans de nombreuses langues) se répand
dans les discours des décideurs politiques, puis des médias et enfin des citoyens (Reboul-Touré 2019).
Par ailleurs, la circulation des termes provoque inévitablement des variations lexicales et sémantiques,
comme dans le cas de changement climatique ou dérèglement climatique qui sont utilisés par les
experts dans les rapports du GIEC (rédigés en anglais, avec une traduction partielle ultérieure dans
différentes langues), mais qui sont souvent remplacés par réchauffement climatique dans les textes de
vulgarisation et dans le débat public (Parrenin, Vargas 2020). Cela est révélateur de l’orientation du
concept en fonction des discours, qui a notamment pour conséquence la réduction de la complexité du
phénomène (Paissa 2018).
Bien que de nombreuses bases lexicographiques existent sur le sujet, la grande variété des types de
discours qui traitent des sous-domaines de la protection de l’environnement – la biodiversité et le
climat – représente un corpus qui mérite d’être davantage approfondi des points de vue lexical,
terminologique et textuel. C’est à partir de ce constat qu’une étude pilote a été menée dans le cadre du
projet franco-italien Galilée 2020-2022, « Variations et innovations lexicales dans le domaine du
climat et de la biodiversité en français et en italien », mis en place par l’Université de Naples
L’Orientale (resp. scient. Jana Altmanova) et l’Université Sorbonne Paris Nord (resp. scient.
Emmanuel Cartier), visant à analyser les variations et innovations lexicales dans le domaine de la
biodiversité et du climat, en français et en italien, à partir, entre autres, d’un corpus créé ad hoc, le
corpus BIO-CLIMAT. Une première exploration du corpus a permis de relever une importante créativité
lexicale, notamment à partir de formants productifs comme bio-, éco- ou climato-, aussi bien en

français qu’en italien. Ainsi bio-, dérivé du grec bios, dont le premier sens correspond à « vie/vivant »,
se charge aujourd’hui du sens « protection de la vie, de l’environnement », certainement par
l’intermédiaire de biodiversité, comme dans bioproduit, bioconstruction, biogas. Nous avons pu
constater que ce nouveau formant, construit à partir de la troncation de biologique, qui émerge avec
les emplois autonomes (le bio), se diffuse dans les dérivés et les composés lorsqu’ils s’appliquent à
des domaines autres que la biologie. Une grande souplesse sémantique et une mobilité
morphosyntaxique tout à fait remarquable en français et en italien semblent donc être déterminantes
dans la productivité du formant bio-.
La conclusion du projet est pour nous l’occasion d’organiser une Journée d’études qui vise à élargir
cette réflexion, centrée jusqu’ici principalement sur les innovations lexicales, à des problématiques
textuelles, discursives et terminologiques plus générales, y compris dans une perspective bilingue voire
plurilingue, à partir, entre autres, des pistes de recherche suivantes :
a) approches et méthodologies (notamment études sur corpus, études comparatives, études en
synchronie et diachronie) ;
b) variation lexicale et terminologique (diachronique, diastratique, diatopique, diaphasique,
diamésique, etc.) ;
c) néologie lexicale et terminologique ;
d) variations textuelles et discursives ;
e) ressources lexicographiques et terminographiques ;
f) normalisation et politiques linguistiques.
Les propositions de communication (300 mots environ) peuvent être adressées à : jaltmanova@unior.it
et emmanuel.cartier@lipn.univ-paris13.fr d’ici le 15 juillet 2022.

Calendrier
30 juin 2022 : manifestation d’intérêt
15 juillet 2022 : date limite pour l’envoi des propositions de communication
25 juillet 2022 : notification aux auteurs

Comité d’organisation
Jana Altmanova (Université de Naples L’Orientale)
Emmanuel Cartier (Université Sorbonne Paris Nord)
Claudio Grimaldi (Université de Naples Parthenope)
Jimmy Luzzi (Université Sorbonne Paris Nord)
Sarah Pinto (Université de Naples L’Orientale)
Sergio Piscopo (Université de la Campanie)
Silvia Domenica Zollo (Université de Naples Parthenope)

Quelques références bibliographiques
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