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France
Le contexte actuel est celui de tensions multiples : crises démocratiques ou de la démocratie récurrentes à des échelles diverses (du local au global), crise du rapport du citoyen à l’information (infodémie, évitement informationnel, dé/mésinformation, mute news), d'influence des réseaux sociaux numériques, de concentrations médiatiques comme par exemple en France, d’abondance des modes de légitimation d’acteurs visibles dans l’espace public, de diversification des formes de la diplomatie (informelle, scientifique, soft power) au sein de la guerre de l’information (Colon, 2023), de crises démocratiques/de la démocratie récurrentes à des échelles diverses (du local au global). Le rapport de l'Institut Jaurès (2022) sur la fatigue informationnelle (Gault, Medioni) soulignait la lassitude croissante des Français face à l'information, poussant de nombreux citoyens à s'en détourner. Bien que la démocratisation de l'espace de parole ait multiplié le nombre de locuteurs légitimes dans l'espace public, elle n'a pas pour autant élargi le cercle des récepteurs. Ainsi, si davantage de voix s'expriment, les discours se trouvent paradoxalement fragilisés.
Ces fragilités résultent aussi bien de conditions de production des discours que des conditions de leur réception dans l’espace public. Le concept de “discours fragiles” s’intéresse alors à deux objets distincts : les paramètres d’érosion de la robustesse d’un discours (critères de véracité du contenu, cohérence et arguments, légitimité à être écouté, difficulté à se faire entendre…), le rôle des agents (locuteurs et récepteurs). Ce n’est en effet que face à l’écoute, qu’un discours peut être considéré comme fragile. La fragilité touche en particulier les locuteurs perçus comme illégitimes, souvent sommés de se taire, mais elle affecte également des problématiques publiques désormais moins solidement établies dans le débat collectif. Ce processus de fragilisation des discours semble être une caractéristique fondamentale des espaces publics du XXIe siècle, où la prolifération des paroles s'accompagne paradoxalement d'une érosion de leur force et de leur impact.