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Le langage et les études des représentations sociales, culturelles ou collectives

Catégorie
Date
ven, 05/13/2016
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La notion de représentation, qu’elle soit désignée comme sociale (Moscovici), culturelle (Hall) ou collective (Durkheim), fait partie intégrante d’une multitude de théories, d’approches ou de disciplines en sciences sociales et humaines (communication, psychosociologie, science politique, anthropologie, sociologie, études des discours, cultural studies, etc.) qui tente de saisir la dynamique et le cadrage (Framing) d’objets dans la pensée sociale (idéologie, attitudes, rumeurs, etc.). Or, même si les données analysées dans le vaste champ des représentations sociales (RS), culturelles ou collectives reposent majoritairement sur des données de nature langagière (e.g. questions ouvertes, entrevues, analyse de contenus médiatiques, fouille de données, etc.), considérer pleinement le travail du langage, au-delà de son contenu thématique, comme dans ses dimensions pragmatiques, énonciatives ou rhétoriques reste une pratique très rare et surtout peu ou pas théorisée (Ramognino, 1984). Aussi, du côté des sciences du langage, se posent fréquemment des problématiques incluant les dimensions sociales des discours, mais elles peinent à théoriser le rôle et les modes d’actions des conditions socio-historiques (Schnapper, Van Dijk, Rastier) sur le langage. Autant au niveau très macro des idéologies ou à un niveau plus micro des situations d'interaction discursives, le traitement théorique proposé des conditions socio-historiques des locuteurs, s’appuie volontiers sur le sens ordinaire de la notion de représentation (sociale, culturelle ou collective), ou au mieux se ramène à des représentations individuelles ou linguistiques.

En somme, la transdisciplinarité nécessaire à l’accomplissement d’une part de recherches sur les représentations dans la pensée sociale qui théorise pleinement le rôle du langage, et d’autre part de recherches en sciences du langage où les effets des conditions sociohistoriques est pleinement explicitée, est loin d’être accomplie (Grossmann & Boch, 2007).

Le croisement du concept de représentation avec les sciences du langage a déjà été tenté (Grize, Van Dijk, Pêcheux, Ghiglione, etc.) mais sans forcément aboutir à des retombées méthodologiques précises ni à une intégration théorique du langage dans l’ordre des études sur les représentations, même si ces dernières sont très versatiles pour un tel arrimage autant sur le plan théorique que méthodologique.

Ce colloque se propose donc d'ouvrir la possibilité à des chercheurs de différentes disciplines des sciences humaines, sociales et du langage à venir se prononcer sur les plans théoriques, méthodologiques et épistémologiques à propos de leurs pratiques, afin d'enclencher une réflexion transdisciplinaire sur le langage et les représentations sociales/culturelles/collectives.

Ainsi, le colloque a comme objectif de se pencher sur plusieurs des questions suivantes :

Quelles théories/approches, concepts opératoires ou méthodes permettraient aux études contemporaines en représentations sociales/culturelles/collectives de restituer le rôle du langage, et inversement, aux études en sciences du langage d’intégrer le rôle des conditions sociohistoriques dans la pensée sociale?
Dans les études sur les représentations sociales/culturelles/collectives, quel statut attribuer au langage? (Relation asymétrique, dialectique; variable dépendante ou médiatrice/modératrice?)
Dans les études du langage, quel statut attribuer aux données contextuelles traitant de représentations dans la pensée sociale?
Quelles caractéristiques assigner au langage dans sa relation à la représentation? Matérialité, inférentialité, historicité, référentialité, marqueur d’intersubjectivité, etc. Inversement, quelles caractéristiques assigner aux conditions socio-historiques dans la production discursive?

Voici une liste non exhaustive de thèmes qui pourraient être traités dans les communications de ce colloque :

Rôle et effets du langage dans les études médiatiques, les mouvements sociaux, les discours sociaux dominants, etc.
Analyses des discours à partir de données textuelles, visuelles ou sonores explicitant l’action des conditions socio-historiques sur le langage.
Études mettant à l’oeuvre une méthode intégrant les représentations sociales/culturelles/collectives et les dimensions pragmatiques, énonciatives ou rhétoriques du langage.
Investigations (théorique empirique) des représentations sociales/culturelles/collectives dans le champ des Discourse studies, du Framing analysis, des Clutural studies ou de l’épistémologie sociale avec une emphase sur les effets de sens du langage.

Organizer
● Élias Rizkallah, Département de sociologie, Centre d'ATO, Université du Québec à Montréal
● Karine Collette, Département des lettres et communications, Université de Sherbrooke
Personne à contacter
Élias Rizkallah (UQAM) ou Karine Collette (U. Sherbrooke)